Breton dixit, Actéon fecit (Jean-Michel Alberola) : Différence entre versions

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{{Notice d'œuvre
 
{{Notice d'œuvre
|artiste=Jean-Michel Alberola
 
|image_principale=2A05178.jpg
 
 
|titre=Breton dixit, Actéon fecit
 
|titre=Breton dixit, Actéon fecit
|inauguration=1986
 
 
|Site coordonnees=43.2506, 5.3895
 
|Site coordonnees=43.2506, 5.3895
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|artiste=Jean-Michel Alberola
 
|nature=pérenne
 
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|programme=Commande publique
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|numero_inventaire=FNAC 10536
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|contexte_production=Réalisé dans le cadre d'un projet en hommage à André Breton, écrivain français (1896 - 1966)
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|type_art=sculpture, sculpture monumentale
 
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|materiaux=bronze
 
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|mot_cle=Cnap
 
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|proprietaire=FNAC - commande à l'artiste , Collection du Centre national des arts plastiques (France)
 
|source=Centre national des arts plastiques (CNAP)
 
|Site nom=Musée d'art contemporain de Marseille
 
|Site details=Jardin du Musée d'art contemporain. A l'origine : Paris 1er - Jardin des Tuileries
 
|Site ville=Marseille
 
|Site departement=Bouches-du-Rhône
 
|Site region=Provence-Alpes-Côte d'Azur
 
|Site pays=France
 
|precision_sur_les_dimensions=450 x 100 cm
 
 
|notice augmentée=Dans le cadre d’un projet de commande publique en hommage aux Grands Hommes, Jack Lang confie, en 1985, à Jean-Michel Alberola le soin de créer une œuvre qui « rappelle l’influence d’André Breton et du surréalisme sur les modes de pensées contemporains(1) ». Cet hommage que le ministre de la Culture appelle de ses vœux doit être « une œuvre libre, indépendante de toute attribution particulière(2) ». Pourtant, si personne n’a vraiment cru que le jeune artiste ait eu l’intention de réaliser un monument grandiloquent en l’honneur du « pape du surréalisme », nombreuses ont été les oppositions à ce projet de commande publique, certains commentateurs craignant que l’esprit du surréalisme ne soit dévoyé par un tel honneur.  
 
|notice augmentée=Dans le cadre d’un projet de commande publique en hommage aux Grands Hommes, Jack Lang confie, en 1985, à Jean-Michel Alberola le soin de créer une œuvre qui « rappelle l’influence d’André Breton et du surréalisme sur les modes de pensées contemporains(1) ». Cet hommage que le ministre de la Culture appelle de ses vœux doit être « une œuvre libre, indépendante de toute attribution particulière(2) ». Pourtant, si personne n’a vraiment cru que le jeune artiste ait eu l’intention de réaliser un monument grandiloquent en l’honneur du « pape du surréalisme », nombreuses ont été les oppositions à ce projet de commande publique, certains commentateurs craignant que l’esprit du surréalisme ne soit dévoyé par un tel honneur.  
L’œuvre ''Breton dixit, Actéon fecit'', initialement pensée pour un square du VIe arrondissement de Paris, est finalement installée temporairement, en juin 1986, dans le jardin des Tuileries, avant d’être mise en dépôt au musée d’Art contemporain de Marseille, en 1995. La statue de bronze anthropomorphe et monumentale, qui s’y trouve encore aujourd’hui, s’éloigne considérablement de l’hommage traditionnel aux grands hommes. L’artiste a pris le parti non pas d’évoquer directement André Breton ou d’en faire le portrait, mais de synthétiser, dans une représentation métaphorique, l’esprit du surréalisme et l’intérêt de Breton pour l’art africain. Une femme nue, corpulente, repose comme accroupie sur un tabouret formant un socle. Les bras rejetés en arrière et tendus vers le ciel, elle présente avec révérence et soumission un masque zoomorphe surmonté de longues et fines cornes. Placé sur un socle de calcaire blanc, ce bronze à la patine noire permet à l’artiste, en lien avec la pratique érudite de la citation, qu’il développe depuis le début des années 1980, de condenser les emprunts et références à l’histoire de l’art. Ce masque est d’abord la reprise directe d’un dessin envoyé par Nadja, personnage principal du roman éponyme, à André Breton en 1926. Elle s’y représente comme une sirène aux longs cheveux portant un masque similaire, probable référence à un grand masque de Guinée ayant appartenu à Henri Matisse(3), et terminé par les mêmes fines et longues cornes d’antilope. Reproduit dans Nadja, le récit autobiographique de Breton publié en 1928, ce dessin fait écho à la description de la jeune femme, incarnation féminine de la subversion des catégories logiques par le surréalisme, qui avait les cheveux « tournés pour finir en avant des oreilles en cornes de bélier(4)».
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L’œuvre "Breton dixit, Actéon fecit", initialement pensée pour un square du VIe arrondissement de Paris, est finalement installée temporairement, en juin 1986, dans le jardin des Tuileries, avant d’être mise en dépôt au musée d’Art contemporain de Marseille, en 1995. La statue de bronze anthropomorphe et monumentale, qui s’y trouve encore aujourd’hui, s’éloigne considérablement de l’hommage traditionnel aux grands hommes. L’artiste a pris le parti non pas d’évoquer directement André Breton ou d’en faire le portrait, mais de synthétiser, dans une représentation métaphorique, l’esprit du surréalisme et l’intérêt de Breton pour l’art africain. Une femme nue, corpulente, repose comme accroupie sur un tabouret formant un socle. Les bras rejetés en arrière et tendus vers le ciel, elle présente avec révérence et soumission un masque zoomorphe surmonté de longues et fines cornes. Placé sur un socle de calcaire blanc, ce bronze à la patine noire permet à l’artiste, en lien avec la pratique érudite de la citation, qu’il développe depuis le début des années 1980, de condenser les emprunts et références à l’histoire de l’art. Ce masque est d’abord la reprise directe d’un dessin envoyé par Nadja, personnage principal du roman éponyme, à André Breton en 1926. Elle s’y représente comme une sirène aux longs cheveux portant un masque similaire, probable référence à un grand masque de Guinée ayant appartenu à Henri Matisse(3), et terminé par les mêmes fines et longues cornes d’antilope. Reproduit dans "Nadja", le récit autobiographique de Breton publié en 1928, ce dessin fait écho à la description de la jeune femme, incarnation féminine de la subversion des catégories logiques par le surréalisme, qui avait les cheveux « tournés pour finir en avant des oreilles en cornes de bélier(4) ».
  
''Ce que Breton a dit, Actéon l’a fait''
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"Ce que Breton a dit, Actéon l’a fait"
Dans cette œuvre qui célèbre l’idée de la transformation, Alberola reprend à Breton l’idée de la femme-animal, figure serpentine pareille à celle de Mélusine, et fait se terminer le corps arqué de la femme par un masque d’antilope, qui s’inspire plus probablement ici de ceux des Dogons. Il faut y voir à la fois la métamorphose en cerf du curieux Actéon – prête-nom que Jean-Michel Alberola utilise parfois pour signer ses œuvres – et aussi la perpétuelle transformation des formes de l’histoire de l’art en de nouvelles créations. Dans cet hommage complexe au théoricien du surréalisme, l’artiste mêle références distanciées – en parodiant Le Penseur, de Rodin(5) – et reconnaissance des apports formels du surréalisme et de l’art africain. Composée de morceaux d’œuvres et d’objets choisis dans l’univers visuel d’André Breton et subtilement agencés, cette œuvre traduit la définition de la beauté que donnait Breton à Nadja : « ni dynamique, ni statique(6)», c’est-à-dire consciente et respectueuse de l’héritage qu’elle porte, mais inscrite, toujours, dans le flux perpétuel de l’évolution des formes. <br />
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Dans cette œuvre qui célèbre l’idée de la transformation, Alberola reprend à Breton la vision de la femme-animal, figure serpentine pareille à celle de Mélusine, et fait se terminer le corps arqué de la femme par un masque d’antilope, qui s’inspire plus probablement ici de ceux des Dogons. Il faut y voir à la fois la métamorphose en cerf du curieux Actéon – prête-nom que Jean-Michel Alberola utilise parfois pour signer ses œuvres – et aussi la perpétuelle transformation des formes de l’histoire de l’art en de nouvelles créations. Dans cet hommage complexe au théoricien du surréalisme, l’artiste mêle références distanciées – en parodiant "Le Penseur", de Rodin(5) – et reconnaissance des apports formels du surréalisme et de l’art africain. Composée de morceaux d’œuvres et d’objets choisis dans l’univers visuel d’André Breton et subtilement agencés, cette œuvre traduit la définition de la beauté que donnait Breton à Nadja : « ni dynamique, ni statique(6) », c’est-à-dire consciente et respectueuse de l’héritage qu’elle porte, mais inscrite, toujours, dans le flux perpétuel de l’évolution des formes.  
Coline Davenne, 2016
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6- ''Ibid. '', p. 160.
 
6- ''Ibid. '', p. 160.
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Coline Davenne, 2016
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<small>'''Bibliographie'''<br />  
 
<small>'''Bibliographie'''<br />  
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Les archives d’André Breton : http://www.andrebreton.fr  
 
Les archives d’André Breton : http://www.andrebreton.fr  
 
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|programme=Commande publique
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Version du 26 septembre 2016 à 20:35

Œuvre

TitreBreton dixit, Actéon fecit
Naturepérenne
Domainesculpture, sculpture monumentale
Matériaubronze
Précision sur les matériauxbronze
Hauteur (m)4,5
Largeur (m)1
Mots clésCommande publique

Site

Latitude/Longitude43° 15′ 02″ N
5° 23′ 22″ E

ATLAS






















Fichier:2A05178.jpg