(Les Nouveaux Commanditaires) : Différence entre versions

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Drapeaux (Balthasar Burkhard) ;
 
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Dyptiches (Braco Dimitrijevic) ;
 
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Dôme (Kim Sooja) ;
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Dôme (Kim Sooja);
 
Edge-Stones: Vière et les moyennes montagnes (Richard Nonas) ;
 
Edge-Stones: Vière et les moyennes montagnes (Richard Nonas) ;
 
Effigie (Georges Traquandi) ;
 
Effigie (Georges Traquandi) ;

Version actuelle en date du 22 novembre 2024 à 16:37

Le Protocole des Nouveaux commanditaires définit les rôles et les responsabilités d'acteurs qui mènent ensemble une action dont la finalité est l'émergence d'œuvres d'art, en tout domaine de création.

  • Il propose à toute personne de la société civile qui le souhaite, sans exclusive et en n'importe quel lieu, seule ou associée à d'autres, les moyens d'assumer la responsabilité d'une commande d'œuvre à un artiste. En tant que commanditaire, il lui appartient dès lors de comprendre et de dire une raison d'être de l'art et d'un investissement de la collectivité dans la création.
  • Il propose aux artistes d'inventer les formes qui puissent répondre, dans leur infinie diversité, aux demandes d'une société et d'accepter, ainsi, un partage des rôles qui fait de la création artistique une responsabilité collective et non plus seulement privée.
  • Il propose aux médiateurs dont le rôle est d'établir des liens entre les œuvres et le public, de le faire également entre les personnes : l'artiste, le commanditaire et, au-delà, entre tous les acteurs sociaux qui se trouveront concernés. Ce médiateur organise leur coopération. Il apporte les connaissances nécessaires au choix du médium et de l'artiste appropriés ainsi que les compétences qui permettront d'assurer la bonne fin d'une production d'œuvre dans le respect des exigences de la demande et de la création. Ce médiateur peut également agir, en tant que producteur public, pour prendre en compte l'initiative des artistes quand il juge qu'elle répond à une situation contemporaine.
  • Il propose aux élus, aux mécènes et aux responsables d'organismes, publics ou privés, de contribuer par leurs investissements au développement d'une « démocratie d'initiative » ainsi que d'assumer une médiation politique qui permette d'inscrire l'œuvre dans la communauté à laquelle elle est destinée. Ils peuvent également assumer personnellement la responsabilité d'une commande qui répond à une nécessité collective.
  • Il propose aux chercheurs, dans leurs différentes disciplines, d'aider à la reconnaissance de la nécessité de l'art, de mettre en perspective l'action engagée et d'aider à la fonder sur une intelligence des contextes et des enjeux qui puisse être plus largement partagée.

En s'engageant dans un partage d'égales responsabilités, l'ensemble des acteurs accepte de gérer par la négociation les tensions et les conflits inhérents à la vie publique en démocratie.

L'œuvre d'art, devenue elle aussi un acteur de la vie publique, n'est plus seulement l'expression emblématique d'une seule individualité mais de personnes décidées à faire société en donnant un sens commun à la création contemporaine.

Financée par des subventions privées et publiques, l'œuvre devient la propriété d'une collectivité et sa valeur est, non plus marchande, mais celle de l'usage que cette collectivité en fait et de l'importance symbolique qu'elle lui accorde.

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Titre de l'œuvre Artiste Date

"En effet, tandis que les artistes avec leurs œuvres assumaient toutes leurs responsabilités jusqu’à devenir les parangons de l’ambition moderniste, la société, elle, s’est tournée vers les œuvres du passé en donnant au patrimoine une importance qui est sans précédent dans l’histoire. Jusqu’ici, en art, les citoyens demeuraient silencieux. Ils se satisfaisaient de relations anonymes avec les artistes et cantonnaient leurs œuvres dans un rôle patrimonial géré par des marchés et des institutions dont les critères et les valeurs ne sauraient être les ressorts d’un projet politique et à fortiori artistique.

La reconnaissance de la personne ne signifie pas que le rôle de l’art doive dorénavant se réduire à satisfaire le narcissisme de ce nouveau souverain qu’est l’individu, ni se déliter dans une réinvention esthétique sans autre finalité qu’elle même ou encore nourrir une industrie du spectacle. Par ailleurs, ce n’est assurément pas dans le déni, l’affrontement ou l’asphyxie contractuelle que les personnes peuvent s’épanouir et affirmer leur dignité en démocratie. C’est bien dans un dialogue libre et bienveillant motivé par un désir de faire commun. Et, pour avoir le désir d’affronter les difficultés d’une négociation et d’explorer les possibilités qu’elle offre, existe-t-il une finalité plus valorisante qu’une oeuvre d’art qui manifeste les valeurs humaines qui l’ont portée et les vertus qui ont permis de la réaliser ?

Il fallait donc créer une scène de l’art sur laquelle les relations soient régies par un Protocole qui donne la parole à tous les acteurs sociaux concernés, sans exclusive. Un Protocole qui définisse également leurs responsabilités respectives afin que leur action commune puisse faire œuvre et permettre à cette dernière de devenir, elle-même, un acteur de la vie sociale autant que le manifeste d’une liberté de pensée et d’action que chacun fait sienne.

Ce nouveau contexte est devenu une réalité tangible : des centaines d’œuvres, de toute nature, en témoignent et démontrent que c’est bien chez ce citoyen autant que chez les artistes que se trouvent l’intelligence nécessaire à la mise en lumière des nécessités culturelles de l’époque ainsi que la courage et la capacité d’agir en conséquence. Car il s’agit d’acquérir une meilleure connaissance de nos besoins culturels, et d’expérimenter, en créant pour les satisfaire, de nouvelles formes de relations aux autres et à soi, au temps et à l’environnement. Dans la période de mutations que nous connaissons, le défi est incontournable.

Pour relever ce défi, la politique menée par la Société des Nouveaux commanditaires part de la demande de la personne pour atteindre au général ; et non l’inverse. L’action se déroule sur une scène de l’art sortie de ses murs et dressée en n’importe quel point d’un territoire. Cette scène est ouverte à qui souhaite y assumer une responsabilité d’acteur à part entière, et non de simple participant, car le citoyen y devient l’égal de l’artiste et y acquiert l’autorité de dire publiquement une nécessité de créer ainsi que l’autorité de juger ce qui est réalisé au nom de l’art.

Sur cette nouvelle scène, les relations entre toutes les parties concernées sont régies par la confiance pour s’entendre, et non par un acte d’autorité ou des règlementations. C’est en assumant leur propre responsabilité que les acteurs donnent à leur engagement individuel un sens commun, et non plus seulement privé. Enfin, pour que des mondes qui s’ignorent puissent se rencontrer et faire émerger un Art de la démocratie, ce Protocole a défini le rôle d’un nouvel acteur : le médiateur. L’expérience a démontré qu’il est essentiel et qu’à l’avenir il sera sans doute appelé à intervenir en bien d’autres domaines."

François Hers

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