Et après ? (Jean-Michel Alberola) : Différence entre versions
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Version du 26 février 2016 à 11:48
Notice+
Jean-Michel Alberola se voit confier, en 1989, le soin de réaliser une œuvre en hommage à André Malraux (1901-1976). Il est alors un jeune artiste qui s’est fait connaître depuis peu, grâce à sa participation, en 1981, à l’exposition, « Finir en beauté », qui marque le début de la Figuration Libre. Voulues par Jack Lang, dans le cadre d’un programme d’hommage aux Grands Hommes, les sculptures sont finalement inaugurées en 1992 dans un lieu symboliquement choisi, car proche du ministère de la Culture : le passage des Quatre-Fontaines, qui relie la rue de Valois à la cour d’Honneur du Palais-Royal, dans le Ier arrondissement de Paris.
L’œuvre, intitulée Et après ?, composée de quatre éléments de bronze, se situe dans la lignée de la pratique complexe de la citation que Jean-Michel Alberola développe depuis le début des années 1980. L’ensemble des pièces forme un hommage hétéroclite au premier ministre de la Culture. Il condense de multiples emprunts à l’histoire de l’art et, notamment, aux planches publiées dans le Musée Imaginaire de la sculpture mondiale, par André Malraux, en 1952. Les deux demi-reliefs principaux, aux contours irréguliers, ont été installés par l’artiste, à mi-hauteur, dans chacune des deux niches qui bordent le passage piétonnier. À ces reliefs s’ajoutent les dates de naissance et de mort d’André Malraux, qui sont gravées dans la pierre sous chacune des cavités. Enfin, deux plaques de bronze sur lesquelles l’artiste a inscrit des extraits d’un poème d’André Malraux ont été placées dans le pavement du sol, à l’aplomb des niches. Si l’emplacement choisi pour implanter cette œuvre évoque clairement le rôle politique de Malraux, Jean-Michel Alberola souligne plus fortement encore, par l’agencement de tous les éléments, que l’intellectuel français était avant tout un écrivain, historien et théoricien de l’art. Les deux reliefs sont, en effet, constitués d’un assemblage enchevêtré de sculptures chères à Malraux et puisées directement dans son Musée Imaginaire. Elles sont ensuite recomposées et agencées par l’artiste dans des figures fantastiques aux multiples visages.
L’étude des dessins préparatoires(1) et des premiers essais en plâtre(2) montre qu’il s’est progressivement éloigné des modèles originaux pour aller vers une plus grande simplification des formes et une volonté, plus marquée, de s’éloigner de la figuration. Comme pour pallier l’« incomplète confrontation imposée par les vrais musées(3) » que décrivait Malraux, Alberola fait se rencontrer, entre autres, une coré de l’Acropole d’Athènes(4), une porteuse de chasse-mouches indienne(5), une déesse du maïs toltèque(6) avec une figure commémorative du Congo belge(7) et le célèbre sourire de l’ange de la cathédrale de Reims (8).
Création complexe, comme l’était la personnalité de Malraux, et comme l’est encore le travail, dense et référencé, de Jean-Michel Alberola, ce collage fragmenté permet d’évoquer, comme autant de visages, les vies, multiples et riches d’André Malraux. Comme plusieurs éclats d’un musée fragmenté et regroupé au même endroit, c’est aussi un hommage fort à cette idée de « musée imaginaire » que Malraux appelait de ses vœux, à cette collecte visuelle qui serait l’occasion de célébrer, dans une confrontation immédiate et sans hiérarchie des formes, un art idéal et universel.
Coline Davenne, étudiante en Master 2 Recherche à l'École du Louvre (Paris), mai 2016
1-Études pour le Palais-Royal à Paris, 1989, lavis et encre sur papier, 30 x 11,5 cm, FNAC 92103 (1) et (2).
2- Études pour le Palais-Royal à Paris, 1991, maquette en plâtre, 153 x 86 x 32 cm et 143 x 71 x 42 cm, FNAC 92103 (3) et (4).
3- André Malraux, Le Musée Imaginaire, Paris, Gallimard, « Folio Essais », 1965, p. 16.
4- Art attico-ionien archaïque, Athènes, Acropole, Coré 672, dernier quart du VIe siècle av. J.-C., Athènes, musée de l’Acropole.
5- Art de l’Inde, Didarganj, Porteuse de chasse-mouches, Ier-IIe siècle, musée de Patna.
6- Art toltèque, Teayo, Veracruz, La Déesse du maïs, Xe siècle ?, Mexico, musée national d’anthropologie.
7- Art bakuba, Congo belge, Figure commémorative, Tervuren, musée royal de l’Afrique centrale.
8- Cathédrale de Reims, contrefort nord de la nef, Tête d’ange, 1260-1280.
Bibliographie
Lóránd Hegyi, J.-M. Alberola. La précision des terrains vagues, cat. exp. Saint-Étienne Métropole, musée d’Art moderne, 11 octobre 2008 – 25 janvier 2009, Saint-Étienne Métropole et Clermont-Ferrand, Musée(s) art moderne et Un, deux, quatre, 2008.
Judicaël Lavrador, « Alberola avec force “détails” », Libération, 20 mars 2016.
André Malraux, Le Musée Imaginaire de la sculpture mondiale, Paris, NRF, 1952.
Claire Stoullig, Jean-Michel Alberola, Huile sur toile, cat. exp. Nancy, musée des Beaux-Arts, 30 octobre 2008 – 28 janvier 2009, Paris, Ereme, 2008.
Œuvre
Titre | Et après ? |
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Date | 1992 |
Nature | pérenne |
Programme | Commande publique |
Numéro d'inventaire | FNAC 92104 (1 et 2) |
Contexte de production Réalisées dans le cadre d'un hommage à André Malraux | |
Période | art contemporain |
Mouvement | figuration libre |
Domaine | sculpture |
Précision sur le domaine | demi-relief |
Matériau | bronze |
Précision sur les matériaux | bronze |
Hauteur (m) | 1,53 |
Profondeur (m) | 0,32 |
Largeur (m) | 0,86 |
Précision sur les dimensions | dimension de la deuxième sculpture : 1,43 x 0,71 x 0,42 m |
Mots clés | Cnap |
Collaborateurs | Fonderie d'art Bocquel (Bréauté) |
Propriétaire | Collection du Centre national des arts plastiques (France) |
Site
Lieu | Palais-Royal |
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Code postal | 75001 |
Ville | 1er arrondissement de Paris |
Département | Paris |
Région | Île-de-France |
Pays | France |
Détails sur le site Niches du passage des fontaines | |
PMR | je ne sais pas |
Latitude/Longitude | 48° 51′ 54″ N 2° 20′ 15″ E |
Artiste
Centre national des arts plastiques (CNAP)