− | |mot_cle=Cnap\nÀ l’occasion du vingtième anniversaire de la mort de François Mauriac (1885-1970) et dans le cadre d’un programme de commandes publiques consacrées aux Grands Hommes, lancé en 1983, l’État confie au sculpteur Haïm Kern la réalisation d’un monument en hommage à l’écrivain. Le président François Mitterrand, admirateur de l’auteur, suit attentivement le projet jusqu’à l’inauguration, en 1990.<br />\n''Hommage à François Mauriac'' représente l’écrivain debout devant deux stèles posées comme un livre ouvert. À la jonction des deux pages, la découpe d’une croix rappelle sa foi chrétienne. On y lit de bas en haut les titres de ses principaux écrits (''La Chair, Ces mains jointes…''), comme si les stèles étaient sorties de terre : un sarment de vigne symbolise la nature en mouvement et renforce cette idée d’élévation. L’artiste a souhaité évoquer la « distance subtile entre l’homme et son œuvre(1) » en le représentant en pied, devant ses écrits. Pour réaliser cette sculpture en bronze, Haïm Kern s’est documenté cinq années sur François Mauriac, dont il connaissait déjà les textes ; il propose alors une image personnelle de l’écrivain, dont certains n’ont pas reconnu les traits. Selon lui, en effet, « il y a toujours une certaine forme de trahison dans un portrait(2) » puisque l’artiste impose sa vision, avec son propre style, laissant ici visible le travail de la matière. L’œuvre se trouve sur la place Alphonse-Deville dans le VIe arrondissement de Paris, cet emplacement répondant aux souhaits de l’artiste, qui désirait qu’elle ne soit pas adossée à un mur, afin qu’elle puisse se voir sous tous ses angles, et qu’elle repose sur l’herbe même. Haïm Kern dira que cette commande « [l]’a fait sortir de [s]a solitude de créateur(3) » : il continuera à honorer des commandes publiques, notamment avec son hommage aux victimes de la Grande Guerre, intitulé ''Ils n’ont pas choisi leur sépulture'' (1998).<br />\nAucune inscription ne nous indique qu’il s’agit de François Mauriac, seuls restent les titres de ses écrits. Le promeneur ira alors à sa rencontre, car, comme l’écrit Jean Tardieu : « L’écrivain est représenté non pas dans une prose grandiloquente, mais dans une conception bien moderne : on dirait un promeneur en veston tout simple et accessible, […], un passant avec qui nous pourrions converser(4). »\n<br/><br />\n<small>Rivka Susini, étudiante en Master 2 Recherche à l'École du Louvre (Paris), mai 2016. <br /></small>\n<br />\n<small>\n1- Propos recueilli par Jean-Pierre Poggi, août 1990, dossier de presse de l’inauguration du 25 septembre 1990, CNAP, p. 2.\n<br/>\n2- ''Ibid.''\n3- Régine Magne, « Une statue Rive Gauche », ''Sud-Ouest'', 6 septembre 1990.\n4- Jean Tardieu, ''Le Miroir ébloui'', Paris, Gallimard, 1993, p. 218.\n</small>\n<small>'''Bibliographie'''<br/>\nValérie Bussmann, ''Das Denkmal im Pariser Stadtraum : zum öffentlichen Kunstauftrag in Frankreich und seiner Erneuerung in der Ära Mitterand'', Paderborn, Wilhelm Fink, 2014, p. 270, 289, 297, 575, 578. \nDenis Defente (dir.), ''Haïm Kern'', Paris, Somogy Éditions d’art, 2014, p. 47 et p. 127, notice 34. \nNoël Herpe, ''Mauriac et les grands esprits de son temps'', cat. exp., Paris, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 11 septembre – 6 octobre 1990, Paris, Agence culturelle de Paris, 1990. \nBernard Le Saux, « Mauriac, l’homme de bronze », ''L’Événement du jeudi'', 11 octobre.\nRégine Magne, « Une statue Rive Gauche », ''Sud-Ouest'', 6 septembre 1990.\nOlivier Passelecq, « Hommage à François Mauriac », ''Notre 6ème'', novembre 1990. \nBertrand Poirot-Delpech, « Encore lui », ''Le Monde'', 3 octobre 1990. \n1990.\nJean Tardieu, ''Le Miroir ébloui'', Paris, Gallimard, 1993.\nJean-Frédéric Tronche, « La ville et vous : François Mauriac est parti flâner du côté de l’hôtel Lutetia », ''France-Soir'', septembre 1990. | + | |mot_cle=Commande publique |