Le Cri, l'Écrit (Fabrice Hyber) : Différence entre versions
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+ | En vue des commémorations du 10 mai – devenue, en 2006, la journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leur abolition –, le ministère de la Culture et de la Communication a désigné Fabrice Hyber pour réaliser une sculpture monumentale. Cette initiative poursuit ce qui a été entrepris depuis 2001, année où le Sénat adopte la loi Taubira qui reconnaît la traite négrière et l’esclavage comme des crimes contre l’Humanité. | ||
+ | Fabrice Hyber propose une œuvre de 3,70 mètres de hauteur, lisible de tous. Elle est composée de trois anneaux soudés entre eux. Le troisième anneau, situé en hauteur, est rompu. Il faut voir dans ce dernier le moment de l’abolition de l’esclavage, mais également un cri(1), que le titre de l’œuvre évoque. Ce symbole, volontairement littéral, fait appel à l’imaginaire collectif. Il est en effet fréquent lorsqu’il s’agit d’évoquer l’abolition de l’esclavage. Il est notamment repris dans "Fers", de Driss Sans-Arcidet – sculpture en hommage au général Dumas – en 2009, œuvre située dans le XVIIe arrondissement de Paris, place du Général-Catroux(2). Avec "Le Cri, l’Écrit", Fabrice Hyber, Lion d’or de la 47e édition de la Biennale de Venise, amène l’iconographie de l’esclavage au sein même du jardin du Luxembourg, au cœur de la capitale française et symboliquement proche du Sénat(3). | ||
+ | En tournant autour de l’œuvre, on découvre son double aspect. Une face sombre révèle le bronze patiné, tandis qu’une autre, peinte, suggère le système sanguin, symbole du vivant. Des cales dorées soutiennent et orientent les maillons de la chaîne, évoquant ainsi un équilibre précaire. L’artiste voit ces cales comme le symbole du gouvernement français : « Les maillons d’une chaîne sont tenus debout par des cales dorées comme l’est une loi par les instances gouvernementales, précieusement : c’est le monument pour l’abolition de l’esclavage, sans socle, ancré directement dans le sol(4). » À la surface de l’œuvre, on peut distinguer ces mots, gravés : Ailleurs, Décimé, Exterminé, Déporté, Mort, Inhumain, Esclave. Ces mots sont essentiels, et Fabrice Hyber souligne l’importance des textes dans la légende de l’œuvre, qu’il considère comme étant « une métaphore de cet asservissement qui a été aboli par les textes ». | ||
+ | Bien que son équilibre semble fragile, l’œuvre est en fait soutenue par un socle en béton armé, qui a été enterré. Cela lui apporte une grande stabilité, tout en préservant le dynamisme et la symbolique voulus par l’artiste. Ce bronze polychrome a été édité en trois exemplaires, et deux épreuves ont été réalisées par l’artiste(5). En 2011, une stèle rendant hommage à tous les esclaves des colonies françaises a été posée face à l’œuvre. | ||
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+ | 1- Alan Rice, "Creating Memorials, Building Identities. The Politics of Memory in the Black Atlantic", Liverpool University City Press, 2012, p. 27. | ||
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+ | 2- Catherine Calvet, « Paris affranchi », "Libération", 7 juin 2013. | ||
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+ | 3- Christopher L. Miller, "The French Atlantic Triangle. Literature and Culture of the Slave Trade", Durham, Duke University Press, 2008, p. 389. | ||
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+ | Anne-Laure Huet, juillet 2016 | ||
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+ | "Fabrice Hyber, Inventions", cat. exp., Paris, galerie Jêrome de Noirmont, 9 septembre – 27 octobre 2011, Paris, Galerie Jêrome de Noirmont, 2011. | ||
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+ | Anonyme, « Fabrice Hyber commémore l’abolition de l’esclavage », "Le Monde", 10 mai 2007. | ||
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+ | Catherine Calvet, « Paris affranchi », "Libération", 7 juin 2013. | ||
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+ | Catherine Francblin, « Fabrice Hyber ou la démultiplication », "art press", supplément au no 393, octobre 2012. | ||
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+ | Donatien Grau, Ulrich Obrist et Fabrice Hyber, "Hyber, Hyber", Paris, B. Chauveau, 2014. | ||
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+ | Bernard Marcadé, Pierre Gicquel et Bart de Baere, "Hyber", Paris, Flammarion, 2009. | ||
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+ | Christopher L. Miller, "The French Atlantic Triangle. Literature and Culture of the Slave Trade", Durham, Duke University Press, 2008. | ||
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Version du 5 octobre 2016 à 07:40
Notice+
Située dans le jardin du Luxembourg, Le Cri, l’Écrit est une œuvre conçue par l’artiste Fabrice Hyber en 2007. L’œuvre, qui commémore l’abolition de l’esclavage, est la deuxième œuvre contemporaine permanente du jardin du Luxembourg, à la suite de l’Hommage à Pierre Mendès France, par Pierre Peignot, en 1984.
En vue des commémorations du 10 mai – devenue, en 2006, la journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leur abolition –, le ministère de la Culture et de la Communication a désigné Fabrice Hyber pour réaliser une sculpture monumentale. Cette initiative poursuit ce qui a été entrepris depuis 2001, année où le Sénat adopte la loi Taubira qui reconnaît la traite négrière et l’esclavage comme des crimes contre l’Humanité.
Fabrice Hyber propose une œuvre de 3,70 mètres de hauteur, lisible de tous. Elle est composée de trois anneaux soudés entre eux. Le troisième anneau, situé en hauteur, est rompu. Il faut voir dans ce dernier le moment de l’abolition de l’esclavage, mais également un cri(1), que le titre de l’œuvre évoque. Ce symbole, volontairement littéral, fait appel à l’imaginaire collectif. Il est en effet fréquent lorsqu’il s’agit d’évoquer l’abolition de l’esclavage. Il est notamment repris dans Fers, de Driss Sans-Arcidet – sculpture en hommage au général Dumas – en 2009, œuvre située dans le XVIIe arrondissement de Paris, place du Général-Catroux(2). Avec Le Cri, l’Écrit, Fabrice Hyber, Lion d’or de la 47e édition de la Biennale de Venise, amène l’iconographie de l’esclavage au sein même du jardin du Luxembourg, au cœur de la capitale française et symboliquement proche du Sénat (3).
En tournant autour de l’œuvre, on découvre son double aspect. Une face sombre révèle le bronze patiné, tandis qu’une autre, peinte, suggère le système sanguin, symbole du vivant. Des cales dorées soutiennent et orientent les maillons de la chaîne, évoquant ainsi un équilibre précaire. L’artiste voit ces cales comme le symbole du gouvernement français : « Les maillons d’une chaîne sont tenus debout par des cales dorées comme l’est une loi par les instances gouvernementales, précieusement : c’est le monument pour l’abolition de l’esclavage, sans socle, ancré directement dans le sol(4). » À la surface de l’œuvre, on peut distinguer ces mots, gravés : Ailleurs, Décimé, Exterminé, Déporté, Mort, Inhumain, Esclave. Ces mots sont essentiels, et Fabrice Hyber souligne l’importance des textes dans la légende de l’œuvre, qu’il considère comme étant « une métaphore de cet asservissement qui a été aboli par les textes ».
Bien que son équilibre semble fragile, l’œuvre est en fait soutenue par un socle en béton armé, qui a été enterré. Cela lui apporte une grande stabilité, tout en préservant le dynamisme et la symbolique voulus par l’artiste. Ce bronze polychrome a été édité en trois exemplaires, et deux épreuves ont été réalisées par l’artiste(5). En 2011, une stèle rendant hommage à tous les esclaves des colonies françaises a été posée face à l’œuvre.
Anne-Laure Huet, étudiante en Master 2 Recherche à l'École du Louvre (Paris), mai 2016.
1- Alan Rice, Creating Memorials, Building Identities. The Politics of Memory in the Black Atlantic, Liverpool University City Press, 2012, p. 27.
2- Catherine Calvet, « Paris affranchi », Libération, 7 juin 2013.
3- Christopher L. Miller, The French Atlantic Triangle. Literature and Culture of the Slave Trade, Durham, Duke University Press, 2008, p. 389.
4- Bernard Marcadé, Pierre Gicquel et Bart de Baere, Hyber, Paris, Flammarion, 2009.p. 99.
5- Ibid., p. 270.
Bibliographie
Fabrice Hyber, Inventions, cat. exp., Paris, galerie Jêrome de Noirmont, 9 septembre – 27 octobre 2011, Paris, Galerie Jêrome de Noirmont, 2011.
Anonyme, « Fabrice Hyber commémore l’abolition de l’esclavage », Le Monde, 10 mai 2007.
Catherine Calvet, « Paris affranchi », Libération, 7 juin 2013.
Catherine Francblin, « Fabrice Hyber ou la démultiplication », art press, supplément au no 393, octobre 2012.
Donatien Grau, Ulrich Obrist et Fabrice Hyber, Hyber, Hyber, Paris, B. Chauveau, 2014.
Bernard Marcadé, Pierre Gicquel et Bart de Baere, Hyber, Paris, Flammarion, 2009.
Christopher L. Miller, The French Atlantic Triangle. Literature and Culture of the Slave Trade, Durham, Duke University Press, 2008.
Alan Rice, Creating Memorials, Building Identities. The Politics of Memory in the Black Atlantic, Liverpool University City Press, 2012.
Œuvre
Titre | Le Cri, l'Écrit |
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Description Selon les mots mêmes de Fabrice Hyber, son oeuvre constituée de trois anneaux soudés représentent un symbole : "Le cri c'est la marque de l'abolition de l'esclavage mais aussi la mise en garde contre l'esclavage moderne. Le cri est de peur, de larmes mais aussi de joie. Le cri est une métaphore de cet asservissement qui a été aboli par les textes. Le cri c'est un dessin dans l'espace ; pour le jardin devant le Sénat, il fallait un écrit ! L'abolition de l'esclavage, c'est l'anneau de chaîne ouvert, l'anneau fermé c'est que tout peut recommencer, et le piétement c'est le retour aux racines, mais c'est aussi la Terre qui est un boulet?" | |
Date | 2007 |
Précision sur les dates | Inauguration jeudi 10 mai 2007 |
Nature | pérenne |
Programme | Commande publique |
Numéro d'inventaire | FNAC 07-195 |
Contexte de production Commandée en 2006 lors la première Journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions. | |
Domaine | sculpture, sculpture monumentale |
Matériau | bronze |
Précision sur les matériaux | bronze polychromé, fpatine aux oxydes métalliques et cire microcristalline |
Techniques | Fonte au sable |
Hauteur (m) | 3,7 |
Largeur (m) | 0.95 |
Précision sur les dimensions | 370 x 95 x 30 cm poids: 750 kg |
Mots clés | Commande publique |
Collaborateurs | Fonderie de Coubertin (Saint-Rémy-lès-Chevreuse) |
Propriétaire | Collection du Centre national des arts plastiques (France) |
Site
Lieu | Jardin du Luxembourg |
---|---|
Code postal | 75006 |
Ville | 6e arrondissement de Paris |
Département | Paris |
Région | Île-de-France |
Pays | France |
PMR | je ne sais pas |
Latitude/Longitude | 48° 50′ 46″ N 2° 20′ 13″ E |
Artiste
Centre national des arts plastiques (CNAP)